Le président de la République a procédé à un remaniement ministériel en vue de redynamiser l’action de l’Exécutif. Il a laissé entendre que cette équipe n’a pas été à la hauteur de ses attentes et il a même reconnu des lacunes qu’il faudra rectifier en urgence. Des politologues contactés à cet effet ont estimé que bien qu’il ait une durée de vie limitée, étant donné qu’il sera revu encore une fois à l’issue des prochaines élections législatives, le prochain gouvernement devra assumer de lourdes tâches, notamment sur le plan économique et politique.
Le politologue Ali Rebidj a rappelé que les partis politiques avaient souhaité un changement gouvernemental après les élections législatives, mais le chef de l’Etat en a décidé autrement. «Le président de la République a jugé utile de procéder à ce remaniement, car il est bien placé pour connaître les lacunes et les manquements des uns et des autres. Il avait déjà opéré un changement en mars 2020, et aujourd’hui, il a nécessaire d’aller vers un autre lifting», souligne-t-il. Rebidj a fait remarquer que la décision présidentielle est motivée par une volonté exprimée par la rue d’écarter quelques ministres ayant failli dans leurs missions respectives. «Je ne dirais pas qu’ils ont échoué, mais ils n’ont pas été à la hauteur des objectifs tracés dans le cadre du programme du chef de l’Etat. Je cite essentiellement les secteurs étroitement liés à la vie quotidienne du citoyen, tels que les transports, l’enseignement supérieur, le commerce et l’industrie. La rue s’attendait à un changement rapide dans ces domaines, mais hélas les résultats sont loin des aspirations citoyennes», soutient-il, signalant que ce changement intervient au moment de la dissolution de l’APN. Ce qui implique que ce nouveau gouvernement aura du pain sur la planche. Le politologue a expliqué, par ailleurs, que les vrais enjeux devraient être définis à l’issue des prochaines législatives devant aboutir à un gouvernement qui sera composé en fonction de la majorité parlementaire conformément aux nouvelles dispositions constitutionnelles.
Une équipe mi-politique mi-technocrate
«Cela dit, la durée de ce nouveau gouvernement ne devrait pas dépasser les cinq à six mois au maximum. Il ne faut pas s’attendre à de grands changements durant cette période qui précède le prochain scrutin. Les ministres ne pourront pas assumer leurs responsabilités politiques tant que les résistances administratives demeurent de mise», estime-t-il, notant que le chef de l’Etat devrait penser plutôt à mettre en place un gouvernement mi-politique mi-technocrate en impliquant certaines formations politiques dans la gestion gouvernementale. Le politologue Idriss Attia a, lui aussi, relevé que le nouveau gouvernement devrait assumer des missions importantes du moment que le président de la République a reconnu que certains ministres ont échoué dans la gestion de leurs départements. «Malgré sa durée limitée dans le temps, le nouveau gouvernement se doit de résorber la colère populaire en répondant diligemment aux attentes à travers le lancement de nouveaux plans structurants. L’action du gouvernement doit être pérenne. Elle ne doit pas être liée aux prochaines élections législatives», précise-t-il. De ce fait, il estime que c’est l’occasion de donner la chance à de nouveaux responsables compétents inspirés des principes de l’Algérie nouvelle. «Il faut de nouvelles figures capables de donner le meilleur au pays», insiste-t-il, prévoyant la mise en place d’un gouvernement intégrant à la fois des technocrates et des politiques puisque le chef de l’Etat avait engagé dernièrement des consultations avec des responsables de partis.
Karima Alloun